Le
sentiment de culpabilité touche la quasi-totalité des mineurs victimes d’abus
sexuel…
Le
manque de confiance, le dénigrement, la dévalorisation de soi sont également
les principales conséquences psychologiques de l’abus sexuel. Cette image de
soi dégradée entraîne d’autres effets, car elle est à la base des relations
sociales : une incapacité à dire non (93 % des victimes d’inceste sont
dans cette situation, sondage IPSOS/AIVI en France en 2010),
la propension à se mettre dans des situations de danger, une espèce de
fatalisme quant à ce qu’il peut nous arriver : «De toute façon, je ne
mérite pas le bonheur, je suis trop nul(le)», une justification d’autres
comportements violents ou abusifs que l’on peut subir.
Les
victimes deviennent des proies plus faciles à l’âge adulte (au travail, dans le
couple). Leurs repères de protection ayant été ébranlés, elles développent une
forme de victimisation, de léthargie, qui les met dans l’impossibilité de
sortir de situations difficiles. Les victimes d’abus sexuels sont plus souvent
susceptibles d’être à nouveau victimes au cours de leur vie.
Des
études récentes montrent même que les mauvais traitements subis dans l’enfance ou
l’adolescence peuvent entraîner des changements dans l’ADN.
Le traumatisme laisse une trace biologique, qui passe de génération en génération. C’est dire si l’impact est immense.
Le traumatisme laisse une trace biologique, qui passe de génération en génération. C’est dire si l’impact est immense.
Un
enfant abusé se sent sale, et cette crasse restera incrustée dans sa chair
toute sa vie. Il pourra en enlever certaines couches, il ne retrouvera jamais
sa pureté originelle, disparue sous les mains baladeuses, les regards vicieux,
les frottements de corps, les paroles qui rabaissent… Cela peut le pousser
jusqu’à l’extrême envie de se détruire
En
France, 53 % des victimes d’inceste ont tenté une fois de se suicider (sondage IPSOS) et 31 % à plusieurs reprises. Le risque
de suicide est 12 fois plus élevé chez les personnes victimes d’abus sexuels et
physiques durant leur enfance, d’après le Dr Gustavo
Turecki.
Les
conséquences des violences sexuelles sur mineurs perdurent à l’âge adulte.
Elles portent sur quatre aspects : psychologique, sur la vie sociale,
physique, sur la vie sexuelle. Dans tous les cas «toute forme d’abus sexuel
engendre de la souffrance», explique Mélanie Vigier de Latour-Bérenger,
psychosociologue et directrice de Pédostop.
Sentiment de peur, de
honte, de culpabilité et d’abandon
A
l’enfance, les conséquences psychologiques sont un sentiment de peur :
peur de l’autre, des représailles, de ne pas être cru, d’être rejeté par sa
famille, d’être jugé… S’ajoutent la honte et la culpabilité. Car l’agresseur
sait parfaitement manipuler l’enfant, lui faire croire que c’est lui qui a
séduit. L’enfant se sent coupable de ne pas avoir dit non (mais comment dire
non à un adulte qui a de l’emprise sur vous, que vous connaissez et que vous
aimez c’est difficile, voire impossible) et d’y trouver – parfois – du plaisir
ou d’accepter une gratification.
Autre
sentiment : la solitude (l’enfant est seul avec son lourd secret, dans un
monde tellement différent de celui des enfants «normaux») ; l’abandon
(puisque même les adultes censés le protéger lui causent du tort, ne voient
rien ou ne le croient pas).
L’enfant
connaît des troubles du sommeil : comment bien dormir quand on est
toujours sur ses gardes, quand on angoisse à l’idée que papa, tonton, ou frère
parfois, vienne se glisser sous les draps, même si l’on a enfilé un jean, comme
le faisait Tina, dans une vaine tentative de se protéger et de le
ralentir ? Ou même si l’enfant recommence à faire pipi au lit avec
l’espoir d’éloigner l’agresseur, signalant son mal-être. Il fait des
cauchemars.
Durant
la période sur laquelle se déroulent ces violences, l’enfant met en place des
«défenses» psychologiques : le déni, il oublie la source de souffrance, ou
la minimise ; l’amnésie ; la dissociation, il se déconnecte pour ne
plus ressentir d’émotions, son corps ne devient plus qu’un réceptacle
vide ; le clivage, il a un double moi ; la sidération, son cerveau
disjoncte face à la frayeur et il ne peut plus rien faire, ni réagir, ni
bouger, ni s’enfuir, ni crier…
La double peine des
appels au secours non entendus et pas vus.
Sur
sa vie sociale, cela entraîne un repli sur soi, une chute des résultats
scolaires, ou au contraire, un hyper investissement dans les études pour fuir
le reste.
L’enfant peut développer un comportement agressif ou au contraire être complètement soumis. Il peut se sentir mal en société. Les fugues, les vols, les actes de violence sont autant d’appels au secours.
L’enfant peut développer un comportement agressif ou au contraire être complètement soumis. Il peut se sentir mal en société. Les fugues, les vols, les actes de violence sont autant d’appels au secours.
Physiquement,
l’enfant peut saigner au sexe ou à l’anus, développer des maladies à répétition
(infections urinaires, des mycoses, maux de ventre…), des maladies sexuellement
transmissibles. Le tabagisme, les prises ou pertes de poids anormales, le
retard de langage ou de développement, une grande agitation, sont également des
conséquences.
A
l’adolescence, les conséquences se font plus violentes : comportements
suicidaires, troubles alimentaires (anorexie/boulimie), addictions (alcool,
drogue, sexe), conduites à risque, grossesse précoce…
A l’âge
adulte, sans reconnaissance familiale, l’ensemble des troubles perdurent et se
développent à jamais.