lundi, décembre 17, 2018

Harcèlement /discrimination / Violences


  

      Plutôt que la vision binaire entre le bien et le mal de la morale, n'est-il pas préférable d’interroger le problème à sa racine ?
                   Ainsi peut-on se demander ce qu’il y a de véritablement étonnant à ce qu’une société hédoniste, narcissique, fondée sur une concurrence spéculaire acharnée, puisse développer en aveugle, autre chose qu’un effacement progressif de l’altérité, avec tout le chapelet des effets secondaires en  queue de comète ?
                                    Rapportons-nous à Paul Ricœur : « Le chrétien et la civilisation occidentale »,
_  « Les valeurs sont à la vie morale ce que les racines sont à l’arbre ».

            Les valeurs comme fondement de la vie sociale
Un trait fondamental de notre existence, de notre condition historique et corporelle, c’est que nous appartenons à une certaine aventure qui a des contours géographiques et historiques et qui charrie certaines valeurs ; celles-ci tout à la fois nous baignent, nous portent, nous limitent, et pourtant ne se soutiennent que par notre comportement et notre action.
Par « valeurs », on entend « des vertus privées et sociales, qui sont pratiquées par une élite ou par la masse, qui sont des jugements, des appréciations, ou des mœurs effectivement pratiquées, qui sont des sentiments ou des maximes rationnelles
                  Au niveau fondamental, l’action obéit déjà à des normes, règles pratiques originaires ou évaluations plus ou moins fortes, au sens où l’agir humain est toujours l’objet d’une appréciation ou d’un blâme.
Les estimations les plus stables de la conscience collective font déjà partie intégrante de l’identité personnelle.
Les théories éthiques supposent que nous sommes toujours déjà préformés par des idées normatives, c’est-à-dire des valeurs, dans lesquelles nous avons été élevés et qui sont à la base de l’ordre social. L’ordre du valoir est un « présupposé » ou même un « a priori » dans la compréhension à la fois de l’action et du sujet.

                  .. Car « L’ignorance a ceci de particulier, qu’elle n’a ni beauté ni bonté, ni science. Et celui qui ne sait pas ce qui lui manque, il ne peut le désirer » 


       

L’enjeu qui se pose concerne la question de l’altérité.

            Le rapport à ce qui est autre, à ce qui est extérieur à soi.
A ce qui ne nous appartient pas, qui ne nous est pas dû, qui ne nous regarde pas, sur lequel nous n’avons aucun droit.

Ce qui est refoulé concerne la puissance de la sexualité dont la frustration misérable est totalement déniée.

                  Est posé comme acquis un rapport au corps et au plaisir totalement épanoui et partagé quelques soient les âges, les milieux sociaux, les cultures, les histoires personnelles.
                  Se rajoute le déni de la multitude d’outils de l’image offerts dès la jeune enfance, diffusant les dictats d’une sexualité brutale sans mesure donnant à voir « ce qu’il faut faire, ou laisser faire, parce que ce serait ça, comme ça, avec de l’autre à consommer immédiatement ».
                  Où sont les cours d’analyse de l’image, et de l’usage des réseaux sociaux ?

                  N’est même pas mis en rapport la sexualité en tant que langage du corps pour dire l’amour qui se fait dans le prolongement de la parole du poète qui dans le même sens cultive l’aire des mots.
                 
                  Est non moins refoulé et coulé dans le bronze, l’accompagnement adulte des professionnels de l’éducation, qui depuis des décennies, par un même unique cours au collège se contentant de montrer les organes masculins et féminins de la reproduction, alors que des sites pornographiques sont  à disposition dans le portable des enfants, dans leurs ordinateurs ou tablettes, qu’ils ont accès aux réseaux sociaux avec l’ignorance totale du cloisonnement entre l’intime et le publique grâce à leurs parents inconscients eux-mêmes, qui déjà les offrent en images à la terre entière depuis leur premier biberon, comme des enfants objets..
                  
 En tant que psy, parmi mes patients, je peux dire que 1 enfant sur 3 est victime de pédophilie rien que dans sa famille.

                  



 C’est dans ce contexte avec tous les éléments envisagés, que fait sens de poser la question du rapport à l’autre dépourvu d’un étonnement irrecevable si moralisateur, à bien considérer les causes:
 
          L'urgence est d'instruire, c'est à dire d'éduquer à la citoyenneté.

                                                                             Catherine Catski Durand Cisinski