Le profil de la personne atteinte de perversion narcissique
Son premier moteur, c’est l’envie. Ce qu’elle veut, c’est ce que possède l’autre ou qu’il semble posséder, au sens propre comme au figuré. Elle veut d’abord ce que l’autre est mais aussi ce qu’il a ou ce qu’il fait. Comme elle ne peut structurellement se satisfaire, elle va chercher à dénigrer, salir, humilier, détruire. Car son second moteur est la haine : elle ne supporte pas de voir l’autre heureux et libre. Faire souffrir l’autre est une manière d’échapper à sa propre souffrance, c’est aussi une jouissance à part entière. Il n’y a pas de « bonne manière » de se défendre car si l’on résiste, elle devient enragée et si on ne réagit pas, elle hait souvent férocement.
Ce qui caractérise les personnes atteintes de perversion narcissique, ce sont les traits de caractères ou les fonctionnements suivants :
. l’intelligence : en effet, ce sont des personnes très souvent d’un bon niveau culturel, dotées d’un sens aigu de la psychologie, ce qui leur permet de savoir parfaitement faire faire ou faire dire à l’autre ce qu’elles ont envie qu’il fasse ou qu’il dise …
. la mégalomanie : ce sont elles « les plus belles », « les plus intelligentes », « les plus fortes », leur orgueil est sans borne et leur mépris pour les autres est grand ; elles peuvent montrer un certain respect pour des personnes qu’elles estiment supérieures à elles ; dotées d’un bon esprit stratégique, elles font tout pour atteindre leur objectif et sont prêtes à tout pour ne pas perdre, en se moquant de la morale, au contraire : leurs stratégies les menant souvent à la victoire, elles se persuadent qu’elles ont raison de se conduire ainsi ; recherchant passionnément l’attention, le devant de la scène, elles vont critiquer insidieusement les autres pour mieux se faire valoir,
. l’égoïsme et l’égocentrisme : tout tourne autour d’elles, tout leur est dû ; elles ne supportent pas la contrainte, la contradiction, le refus … elles ne prennent pas l’autre en compte puisque l’autre est « chosifié » comme elles le furent dans leur enfance, elles sont incapables d’empathie, sauf simulée quand il s’agit de servir leur intérêt ; elles n’ont que peu d’affect, peu d’émotions et de sentiments, elles ne s’intéressent qu’à elles ou lorsqu’elles s’intéressent à certaines activités, certains projets ou certaines personnes, c’est de manière superficielle et provisoire, elles gardent toujours une certaine distance entre elles et les autres et sont incapables de nouer une véritable relation avec l’autre,
. le mensonge, voire la mythomanie : c’est logique puisque ces personnes sont intérieurement dans la peau d’un autre, elles jouent un rôle, elles ne sont jamais elles-mêmes, elles ne savent pas être elles-mêmes, elles ne le peuvent pas et c’est bien ce qu’elles envient chez l’autre ; habilement, elles mêlent la vérité et le mensonge, feignent, trompent, simulent, et parfois croient sincèrement à leurs mensonges ; comme elles cloisonnent habilement leurs différentes relations, personne ne peut recouper les informations ; elles sont parfois conscientes de leurs mensonges, parfois non ; elles ne reconnaîtront jamais rien, s’entêteront malgré l’évidence, voire seront dans le déni ;
. leur discours : elles ne parlent jamais précisément, ne disent pas directement ce qu’elles ont à dire, mais font des sous-entendus, des allusions, … ce qui leur permet ensuite de nier, d’affirmer que c’est l’autre qui a mal compris, mal entendu ou qui ment ! Si l’on s’aperçoit de leurs contradictions, elles vont trouver un moyen de s’en sortir et vont affirmer, par exemple, qu’elles plaisantaient ; elles transmettent des messages paradoxaux, afin de semer la confusion, ce qui leur permettra de critiquer, de reprocher, de rabaisser ; elles passent très facilement de l’admiration au mépris : elles valorisent pour mieux dévaloriser, ce qui déstabilise leur interlocuteur qui ne sait plus quoi penser et qui va généralement les excuser en mettant leurs paroles blessantes sur le compte d’une mauvaise humeur ou de soucis … la plupart du temps, on leur pardonnera beaucoup car elles savent se montrer si aimables, si gentilles, si attentionnées …
. l’abord : quand on les rencontre, ces personnes paraissent généralement sympathiques, cordiales, extraverties, brillantes et l’on perçoit généralement tout de suite leur intelligence … comme elles sont fines psychologues, elles savent très bien manipuler afin de remporter l’adhésion de leur entourage, et contrairement aux « simples pervers » qui provoquent très vite l’hostilité par leurs revendications et leur façon de nier l’autre, elles savent très bien se rendre sympathique, jouer l’empathie, la compassion, etc. ;
. la paranoïa : leurs duperies, mensonges et tromperies peut mener ces personnes à être secrètes, sur leurs gardes, suspicieuses, hyper-sensibles et à voir des « ennemis » partout ; dans ce cas, loin de les abattre, cela décuple leur combativité,
. l’esprit de vengeance : un état d’esprit mesquin, rancunier et très jaloux les pousse à de vraies « vendettas », à harceler, ou à faire des choses totalement incongrues, bizarres, et qui provoquent l’incompréhension, la perplexité, dont elles jouissent en secret et qui va parfois jusqu’à révéler une part de leur personnalité qu’on n’imaginait pas ;
. le sentiment d’irresponsabilité : bien qu’elles soient responsables pénalement parlant et, d’après certains psychanalystes, parfaitement conscientes de leurs actes, ces personnes ne se considèrent jamais comme responsables (« c’est pas ma faute »), ne se remettent jamais en question, et reportent toujours l’erreur sur l’autre, en particulier lors de la phase de séparation où elles vont se faire passer pour la victime, ce qui leur permettra de séduire à nouveau une personne compatissante qui voudra à nouveau « les sauver » ; elles aiment également se faire plaindre, s’inventer des maladies, ou tirer profit d’une maladie réelle ; en outre, elles considèrent qu’elles auront plus à perdre en changeant (même si elles laissent croire le contraire) qu’en restant comme elles sont … dans ces conditions, il est difficile pour elles de faire appel à un thérapeute et quand, poussées à cette démarche, elles se décident à consulter, le thérapeute sera forcément « incompétent » ; de même, il leur sera très difficile, voire impossible, de changer de fonctionnement,
. le « phagocytage » : comme je l’ai dit plus haut, ce que veulent absolument s’approprier ces personnes, c’est l’autre : ses qualités, ses idées, ses passions, ses envies, … bien plus que ses biens, ce qui fait que, parfois, une fois qu’elles ont obtenu ce qu’elles voulaient, elles rejettent tout d’un coup celui ou celle qu’elles admiraient peu de temps auparavant ; ces personnes ne peuvent pas connaître les limites entre elles et l’autre, puisque l’autre est utilisé comme un reflet d’elles-mêmes, ce qui induit une confusion des limites entre elles et l’autre et cela les mènent à s’attribuer les qualités de l’autre, tout en les lui déniant, et inversement : elles reportent sur l’autre leurs propres défauts, l’autre n’est donc considéré que comme un double, et les différences sont gommées, niées, …
. l’emprise : les personnes atteintes de perversion narcissique ont besoin de l’autre pour exister, et en particulier d’un autre ou d’une autre sur lequel ou sur laquelle elles jettent leur dévolu et qui est choisi(e) pour être, entre autres, un faire-valoir ; en effet, grâce à l’autre, ces personnes vont pouvoir s’admirer, être valorisées, être confortées dans leur narcissisme permanent ; elles vont donc mettre en place un processus dont le but est essentiellement de supprimer la pensée critique de sa victime, cela passe d’abord par la séduction, puis la déstabilisation, la confusion, l’isolement et la peur, notamment ; et c’est d’autant plus facile que la victime (en raison de son propre fonctionnement) culpabilisera d’abord, cherchera des circonstances atténuantes, excusera, portera la responsabilité, … et finira par ne plus avoir aucune confiance en elle, doutera de ce qu’elle entend, de ce qu’elle voit, et même de ce qu’elle dit, et tombera dans la dépression ; pour atteindre son but, son agresseur fera en sorte de l’isoler de son entourage familial et amical et veillera à ce que les maltraitances aient lieu dans l’intimité, de manière cachée et rarement devant un public quelconque ; une fois la proie « ferrée », elle ne pourra plus se détacher que très difficilement, souvent pas avant des années, avant de prendre conscience de ce qui s’est réellement passé ; et c’est au moment de cette prise de conscience, quand elle commencera à se rebiffer, à répondre, à contester, à protester que son agresseur lui fera sentir toute l’étendue de sa haine, qu’il reportera également sur tous ceux qui se mettront en travers de son chemin …
Les solutions ?
Les solutions ?
D’après ce que j’ai pu lire, il n’y en a pas vraiment, ou il y en a une seule : partir. Compte tenu de leur fonctionnement et comme on l’a vu, les personnes atteintes de perversion narcissique sont incapables de se remettre en question et donc de prendre conscience de leur trouble. Or, les victimes ont beaucoup de mal à partir, d’abord parce qu’elles sont sous le coup de l’emprise, ensuite parce qu’elles sont complètement laminées. Elles ont vraiment besoin d’être aidées, accompagnées, soutenues, informées …
Valérie LEPESQUEUR