... Car il n’existe aucune norme étalon !
Dans le champ de l’art, partir d’un diagnostique n'a guère de sens.
Une pathologie, nous dit Canguillem,
c’est le pouvoir de créer une nouvelle organisation du vivant,
donc « une norme singulière » qui va.
Vivre, ni plus ni moins, revient à traverser des états vitaux selon des variations surprenantes.
Et c’est l’expérience négative de la maladie,
qui ouvre la conscience d’un certain point de vue de la vie ».
Pour le thérapeute, il s’agit de délivrer un sas espace/temps,
l’entre- deux d’une expérimentation tranquille pour le patient.
Le processus d’une évolution est ainsi lancé,
d’où surgit la création féconde, comme une limite à franchir.
Au coeur même de la création, ça évolue.
On assiste à l’émergence d’une parole d’avant l’acquis des mots.
Ici, l’acte créatif fondamental
est que simultanément l’être se fait parlant.
Il nomme. Il se sépare de lui-même pour appeler,
mettre du verbe sous le signe d’un dire qui limite et ouvre,
afin de se rejoindre, de se reconnaître dans l’affirmation
de ce qu’il prend soin de re- présenter.
Une pathologie peut en quelque sorte être mise en scène,
au titre d’une expérience spirituelle,
sachant, comme l’exprimait Artaud,
« que la privation de la vie
renseigne d’avantage que la suffisance,
d’où l’invention prolifique dans l’oeuvre ».
C’est donc à l’extrême créativité du patient,
dans les choix de sa mise en oeuvre,
que l’analyste a affaire.
L’être en vie, est plastique à tous niveaux.
Il est donc nécessaire de prendre soin
de la singularité des désirs paradoxaux du sujet
qui souvent tient à son symptôme
comme le pilier fondateur de son identité.
« Alors, on doit se demander _ comme l’indique Lacan,
par quels moyens opérer honnêtement avec le désir",
et comment le préserver de ce qu’on peut appeler une relation simple
ou salubre en rapport à cet acte en quelque sorte héroïque.